La communauté assyro-chaldéenne, minorité chrétienne autochtone d’Irak,
a vécu, le 29 février 2008, un nouveau drame qui s’ajoute à une longue
liste d’exactions et de persécutions. Mgr Paulos Faraj Rahho, haut
prélat de l’Eglise chaldéenne catholique, a été enlevé devant l’église
de Saint Esprit, dans le quartier Al Nour à Mossoul, diocèse dont il
est l’archevêque, après avoir célébré le chemin de croix. Son chauffeur
et ses deux gardes du corps ont été assassinés par ses ravisseurs qui,
à ce jour, n’ont pas donné d’informations quant à son état de santé.
Les membres du commando ont augmenté le montant de la rançon et exigé
le respect de nouvelles conditions politiques.
L’Association des Assyro-Chaldéens de France, condamne avec la plus
grande fermeté et détermination l’enlèvement de Mgr Rahho, acte que le
Saint-Siège a qualifié, à juste titre, d’acte exécrable et appelle à la
libération immédiate et inconditionnelle de l’archevêque chaldéen
catholique de Mossoul. Cet ignoble enlèvement d’un homme d’Eglise et de
paix qui a, sa vie durant, œuvré pour la fraternité entre les diverses
communautés irakiennes, ethniques et religieuses, vient d’assombrir à
nouveau l’avenir des chrétiens d’Irak.
La minorité chrétienne d’Irak, essentiellement formée par des
Assyro-Chaldéens, héritiers de l’antique Mésopotamie, vit une période
de trouble et de violence extrême. Visés par des groupes terroristes,
criminels, radicaux ou mafieux, les membres de cette communauté sont
condamnés à l’exil. La déchristianisation de l’Irak où, autrefois, les
peuples et les religions cohabitaient en harmonie, est en marche. Le
nombre d’Assyro-Chaldéens vivant sur les terres fertiles de l’Irak
s’élevait, à la veille de la Première Guerre du Golfe, à plus d’un
million d’individus. Aujourd’hui, selon les estimations les plus
optimistes, ils ne sont plus que 400 à 500 milles âmes. Les
Assyro-Chaldéens d’Irak souffrent et crient leur douleur. L’exil est
leur dernier espoir. Les actes inhumains et dégradants, les menaces,
les enlèvements, les agressions, les tortures et les meurtres impunis
sont le lot quotidien des Assyro-Chaldéens chrétiens d’Irak. Le climat
d’insécurité permanente et la violence les poussent à l’exil. En Syrie,
Turquie ou Jordanie, ils attendent l’apparition d’une lueur d’espoir à
l’horizon irakien.
Ecartée du processus politique, oubliée de l’Occident,
quasi-démunie de tout soutien international, méconnue de l’opinion
publique internationale, cette prospère minorité qui était, jadis, le
pilier central des forces vives de la nation irakienne, implore
aujourd’hui le soutien de la communauté internationale.
L’Association des Assyro-Chaldéens de France fait sien l’appel
lancé par Jean d’Ormesson : « Un petit nombre d´Irakiens sont plus
malheureux, plus isolés, plus menacés encore que les autres : les
chrétiens ... A l´intérieur ou à l´extérieur, la vie des chrétiens
d´Irak est un martyre permanent … Il faut que les chrétiens d´Irak
sachent qu´ils ne sont pas abandonnés … que tous les efforts seront
faits pour améliorer leur existence quotidienne, et qu´il y a pour eux,
dans leur longue nuit, quelque chose qui ressemble, au loin, à une
lueur d´espérance ».